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Les Microlycées, accueillir les décrocheurs, Nathlaie Broux et Eric de Saint-Denis

21 / 06 / 2015 | Marianne Durand-Lacaze

Les Microlycées promeuvent une organisation des activités et du temps scolaire fondées sur le travail d’équipe, condition sine qua non de leurs résultats positifs connus et reconnus. L’ouvrage, Les Microlycées, accueillir les décrocheurs appartient à la collection Pédagogie - références, dirigée par Philippe Meirieu qui entend donner à tous les acteurs de l’éducation des outils d’intelligibilité de la "choses éducative".

Selon Philippe Meirieu, « les microlycées constituent, si l’on veut bien les regarder de près, une véritable alternative à la "taylorisation scolaire". Ils permettent de comprendre quelles sont les conditions pour que nos collèges et nos lycées soient de véritables lieux de réussite pour toutes et tous. »

« Les Microlycées, ça marche »… Le premier intérêt de ce livre c’est de le faire savoir davantage. Ainsi commence l’ouvrage qui répond à cet objectif premier et au-delà.

Les enquêtes montrent que les jeunes français ont une confiance plus faible dans l’avenir que leurs homologues européens. D’autres enquêtes internationales insistent sur le fossé grandissant entre ceux qui sont capables d’utiliser les apprentissages scolaires pour analyser et résoudre des problèmes et ceux qui n’y parviennent pas. Les Microlycées qui accueillent des jeunes issus de catégories sociales hétérogènes, ayant en commun d’avoir connu des accidents de scolarisation, sont un laboratoire pour une école « autre ». L’enseignement standardisé réussit à des élèves qui y ont été préparés, en dehors de l’école. Mais c’est au cœur de l’école, en classe que les Microlycées remédient justement à cette situation.

Le travail des équipes en Microlycées mérite d’être réapproprié par d’autres. Il a fallu une quinzaine d’années pour que l’institution affirme que l’abandon scolaire du jeune tient de la responsabilité de l’élève comme de l’école. Cette étape franchie a ouvert une nouvelle page des Structures de Retour à l’Ecole (SRE) dont les Microlycées font partie.

On impute souvent les difficultés d’apprentissage à des problèmes comportementaux sans comprendre qu’il s’agit de la souffrance d’élèves qui ne parviennent pas à apprendre ; celle-ci se mue en attitudes de refus scolaire.
L’ouvrage s’ouvre sur trois parcours d’élèves en rupture d’école, sans complaisance avec le ton juste du recul sur ces parcours de vie. Ils révèlent l’important travail de resocialisation effectué par les Microlycées où le parcours de chacun est pris en compte. Le fameux principe, « l’élève au centre de l’école » qui fâche encore certains, est à comprendre sans démagogie, sans céder sur les exigences, afin de conserver « le sens de l’humanité nécessaire pour permettre la scolarité de chacun. »
Les réflexions du livre alternent entre témoignages et petits encadrés, type focus qui ponctuent à point nommé la lecture de l’ouvrage : « Des familles démissionnaires », « La naissance de la FESPI », « créer un Microlycée », « l’importance de la pratique artistique ».

Un lexique et des annexes complètent l’ouvrage. Des témoignages d’élèves comme de professeurs émaillent le texte. La partie consacrée à la façon dont on peut déplacer les cadres pédagogiques en lycée, comme la création d’emploi du temps dérogatoires donne des réponses de terrain. Enfin un chapitre entier est dédié à la façon dont l’expérience des Microlycées interroge le système. Il en ressort qu’il faut "véritablement prendre en compte la parole de l’élève" et "établir un dialogue constructif avec les familles."

L’ouvrage conclut sur le courage et l’intelligence dont la plupart de ces jeunes font preuve pour retourner sur les bancs de l’école mais aussi pour aller plus loin dans leur vie. Ce texte - référence- s’achève sur ces mots évoquant ces lieux microsociétal : "On y plaide, enfin, dans les mots comme dans les actes, pour une École de la réconciliation."

Pour en savoir plus

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