C.A.R.D.I.E. - E.A.F.C. Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation

La Journée nationale de l’innovation du 8 avril 2015 : un rendez-vous réussi

01 / 01 / 2015 | Marianne Durand-Lacaze

Près de 450 acteurs et partenaires de l’éducation sont réunis lors de cette Journée nationale de l’innovation 2015 qui offre l’occasion de découvrir les 30 projets sélectionnés par le Grand jury : retour sur une journée, riche en conférences, ateliers et remises des prix.

L’École en France bouge, se transforme, évolue. En témoignent les nombreuses innovations mises en œuvre sur l’ensemble de son territoire, dans les écoles, les collèges et les lycées tout au long de cette année : des robots de Lego, un passeport numérique personnalisé dans lequel chaque enseignant peut documenter les démarches de ses élèves, leurs progrès ou leur difficultés, des brevets de réussite remplis par des élèves de maternelle, pourtant non scripteurs, ou encore une mascotte voyageuse pour apprendre les langues et le français dès la maternelle. Comme à l’accoutumée, les équipes ont fait preuve d’originalité et d’audace. La démonstration de l’école harmonique créée dans l’académie de Rouen a laissé sans voix le public devant la performance d’écoute et de coordination d’élèves de CP, venus faire la démonstration de ce qu’ils avaient appris à faire avec leur instrument de musique, un instrument dont ils ignoraient tout en début d’année.

Le projet Philae, inscrit dans un partenariat avec le CNES (Centre national d’études spatiales) a été à l’honneur lors de cette journée où les participants ont pu assister à la démonstration d’un atterrissage de la réplique du robot à l’échelle 1 qui s’est posé en novembre 2014 sur la comète Churyumov-Gerasimenko. Plusieurs établissement scolaires ont participé à la construction de cette maquette dont un de l’académie de Créteil.

Pour valoriser ces pratiques innovantes, les soutenir et les encourager, le Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative (Cniré) et le département recherche-développement, innovation et expérimentation (DRDIE) organisent cette grande journée pendant laquelle se succèdent à la tribune ou dans des ateliers de réflexion, les participants venus de tout le pays pour concourir et surtout échanger.

Présentation des projets, remises des prix, conférences stand-up, ateliers, ont permis au public (la journée est inscrite au PNF) et aux participants de mesurer la vitalité de l’innovation alors qu’elle suscite bien souvent un certain scepticisme quant à la capacité du système éducatif d’y faire face. Les huit prix de l’innovation ont été décernés au fur et à mesure de la journée.

L’innovation fait partie intégrante de la réforme du collège, présentée par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche le 11 mars dernier. Conformément à la loi de Refondation de l’École, les pratiques pédagogiques innovantes sont au service de la réduction des inégalités dans le système éducatif. Enseignants, conseillers pédagogiques, administrateurs sont les acteurs de ce changement. La ministre Najat Vallaud-Belkacem a participé à cette journée et réitéré sa confiance aux enseignants souhaitant que leur action soit reconnue : « J’ai voulu que l’innovation occupe une place centrale qui rayonne sans crainte [...] J’ai choisi de libérer les pratiques enseignantes et les engager à s’ouvrir à d’autres partenaires. »

La Journée nationale de l’innovation est une occasion de mobiliser des experts de haut niveau auprès de tous les professionnels de l’éducation et de la formation. Elle a rassemblé près de 350 personnels de l’éducation, membres des corps intermédiaires (inspections, formateurs, chefs d’établissement, directeurs etc…), également de nombreuses équipes des premier et second degrés sélectionnées pour l’avancée remarquable de leur action.

Le programme était construit de manière à ce que chaque participant puisse construire son parcours de formation, en fonction des questions et des thèmes de son choix selon des formats variés, allant de la conférence de recherche à l’atelier de production de ressources.

Des mini-conférences faisaient le point sur quelques questions contemporaines de la Refondation pendant que se déroulaient en parallèle des modules de 2 heures pour faciliter la transposition des expériences et l’apprentissage mutuel.

Des laboratoires d’analyse ont été proposés pour renforcer l’expertise des personnels, par exemple : laboratoire d’analyse, qui permet la confrontation de deux dispositifs innovants sur une même problématique, sous le questionnement expert et collectif des participants impliqués.

Des ateliers de créativité visaient à développer les capacités d’innovation des acteurs, par exemple : atelier « Master Class » où les prestations coachées sur scène et en direc t ; atelier « Dix améliorations possibles pour votre action ; groupe d’amélioration de la pratique ; atelier « Dessinez votre action » : comment traduire des actions innovantes en carte heuristique ; « Fab-Lab’ » ou ateliers de pratiques, où les participants peuvent manipuler, expérimenter de nouvelles manières de faire, de créer, de fabriquer ; le numérique était aussi fortement présent dans les différents ateliers.

L’atelier de créativité intitulé "Tirez les cartes du "Jeu du changement" a ainsi permis à deux équipes innovantes de porter un regard positif réciproque sur leur action respective. L’équipe de l’école Maternelle La Madeleine de Tournan-en-Brie de l’académie de Créteil ayant mis au point les brevets de réussite et livrets de compétences numériques a été interrogée par l’équipe du collège François Villon de Walincourt-Selvigny, de l’académie de Lille qui présentait un parcours artistique qui existe depuis 10 ans dans son établissement.
A partir de l’exposé du projet par l’une des équipes, les participants posaient, à leur guise, au moment souhaité, des questions élaborées sur les cartes d’un jeu spécifique, appelé "Le jeu des du changement". Les questions, ou remarques soulevées permettent d’approfondir la réflexion sur des actions que les équipes pensent bien connaître mais le regard des autres permet d’aller encore plus loin.
Ce jeu de cartes, conçu comme un jeu de sept familles, aborde les thématiques de "l’organisation apprenante", "la créativité", "l’organisation des savoirs", "le développement professionnel", "les conditions de travail", "le sentiment de bien-être" et " l’approche systémique de l’efficacité scolaire". Les équipes qui l’ont découvert ce jour-là, ont apprécié l’expérience pour analyser autrement une situation éducative. Les questions ou remarques déclinées quand le joueur le décide, suite à l’exposé de présentation du projet, aident à enrichir la réflexion et évitent les impasses.

Une session « Rendez-vous de l’éducation » a permis à tous d’assister à la prestation en stand-up d’intervenants, acteurs de l’innovation, enseignants, cadres ou chercheurs, autour des leçons tirées de leur expérience ou de leurs travaux directs, à l’adresse de la communauté éducative. Benjamin Moignard de l’OUIEP, expert des questions de climat scolaire a par exemple, présenté une enquête sur les exclusions temporaires des élèves.

Des personnalités extérieures au monde de l’éducation comme Benjamin Stora, historien spécialiste de l’Algérie et des questions coloniales, président de la Cité de l’immigration étaient invitées à partager leur expérience du vivre ensemble. L’historien, également enseignant, a rappelé qu’une part de l’histoire de France restait trop souvent méconnue et n’était pas enseignée : celle de l’anticolonialisme de certains acteurs de la Troisième République tel que Gambetta, celui des personnalités nationalistes arabes de l’Algérie, du Maroc ou de la Tunisie de l’entre-deux-guerres, les figures de Sartre et Camus sont à faire connaître davantage pour rappeler que la France a aussi été contre la colonisation, sur plusieurs générations. Il importe aujourd’hui, aux yeux de l’historien de réconcilier les parents d’un côté et les enfants de l’autre pour que se consolide le sentiment d’une appartenance à une histoire commune.
Deux membres du mouvement d’ATD Quart Monde ont choisi de faire part du témoignage d’une famille dans la grande pauvreté sur le parcours scolaire de ses quatre enfants.
De même, Johan Mouysset, directeur d’école (académie de Montpellier) et Cyprien Krier, coordinateur des actions éducatives et citoyennes de l’Institut de formation, d’animation et de conseil (Ifac) ont également évoqué la nécessité de faire alliance avec les familles et leur environnement. Ils ont constaté que l’implication forte des parents rejaillit sur la réussite des élèves. Le Club coup de pouce ou le café des parents qu’ils ont créés ne sont pas étrangers à l’amélioration du climat scolaire de leur établissement expérimentateur : la co-éducation leur paraît avant tout nécessaire.

Enfin, un espace-forum de l’innovation, dans une salle à part, sous la forme d’une déambulation informelle entre des stands de présentation permettaient la rencontre des équipes, devant l’affiche de leur projet.

Pour cette cinquième édition de la Journée de l’innovation, le programme fut réussi et très équilibré offrant à chacun de parfaire sa formation et de s’enrichir du parcours des autres.

Pour en savoir plus

 Journée de l’innovation 2015
 Dossier Mission Rosetta - De Philae à Philéa :

Texte MDL © CARDIE-Académie de Créteil