C.A.R.D.I.E. - E.A.F.C. Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation

EIST : rencontre avec des enseignants

11 / 11 / 2014 | Cardie Créteil | Marianne Durand-Lacaze

Le collège Jean Moulin de Montreuil met en place l’EIST pour la quatrième année consécutive.

Après les aventures de Flagada Jones, les enseignants ont décidé de s’inspirer de Jules Verne pour leur nouveau scénario : Jim et Mary, au début du XXe siècle, partent à la recherche de leurs parents en retraçant le voyage de Phileas Fogg. Mais le voyage est semé d’embûches et ils auront à résoudre de nombreux problèmes pour arriver au bout de leur aventure ... comme le présente ce document introductif distribué aux élèves.

Journal de bord de Jim et Mary

Mercredi 03 septembre 1923, Liverpool.

Aujourd’hui c’est le grand départ. Jim et moi allons enfin retrouver nos parents. Je m’appelle Mary. J’ai décidé de tenir avec mon petit frère ce journal de bord afin de raconter l’histoire de nos retrouvailles.

Je nous présente : Jim et moi sommes nés à Liverpool au début du XXème siècle, mon père est un grand scientifique, il a beaucoup étudié et a construit de nombreuses inventions, parmi elles : un avion sans aile et à hélice tournante, un dirigeable, une planche à voile volante et bien d’autres. Un jour, avec ma mère, fervente amatrice des romans de Jules Verne, il a décidé de lui permettre de réaliser son rêve : faire le tour du monde en quatre-vingt jours ! Seulement, voici trois ans de cela et ils ne sont toujours pas revenus ! Aujourd’hui, j’ai dix-huit ans et je peux enfin partir avec mon petit frère à leur recherche. Qui sait : peut-être se sont-ils échoués sur une île ou perdus dans un pays encore inexploré ou encore capturés par des indigènes et qu’ils ne peuvent plus rentrer ?

Pour préparer ce voyage, j’ai retracé l’itinéraire de Phileas Fogg. Mais ce n’était pas une mince affaire car Jim ne cessait de me poser des tas de questions à commencer par : « Mais comment allons-nous nous rendre dans tel pays ? Et si on prend le dirigeable de papa, pourquoi reste-t-il en l’air ? Est-ce qu’on voit les oiseaux ? Comment font-ils pour voler ? Est-ce qu’on peut toucher le ciel ? » et plein d’autres. Bien sûr je n’ai pas la réponse à toutes ces questions et encore moins à la première. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer notre voyage en partant de Londres afin de nous rendre à l’Académie des Sciences pour savoir comment faire pour voler.)]

Deux enseignants de l’établissement ont accepté de répondre à mes questions : monsieur SHUBETZER, professeur de technologie et monsieur PERRIN, professeur de SVT.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter et me donner votre vision de l’EIST ?

M. SHUBETZER : Je suis M. Shubetzer, je suis professeur de technologie en poste depuis 5 ans et je mets en place l’EIST depuis 4 ans.
L’EIST est une manière de varier un peu ses activités ainsi qu’une autre approche de l’enseignement. Cela change de la technologie classique car on devient aussi professeur de SVT et de physique.

Nous intervenons 3heures et demie par semaine au lieu d’une heure et demie en techno.

L’EIST permet de prendre plus de temps pour approfondir certains points et présente également l’avantage de nous faire intervenir sur des groupes à effectifs réduits, ce qui permet d’avoir un meilleur contact avec les élèves.
En EIST, les 3 matières ne font plus qu’une et, de ce fait, des changements interviennent dans notre enseignement pour chacun des professeurs concernés.
Les temps d’intervention auprès des élèves sont différents : on peut aborder plus de choses et les élèves eux-mêmes bénéficient également d’avantages non négligeables, ils vont pouvoir disposer de plus de temps pour apprendre à travailler d’une certaine façon.

M. PERRIN : Bonjour, je m’appelle Claude PERRIN, je suis professeur de SVT dans l’établissement depuis 10 ans et je fais de l’EIST depuis 4 ans.
Ma vision de l’EIST est en premier lieu la multidisciplinarité. J’ai plaisir à enseigner une autre discipline que la mienne. Cette expérience m’a permis de découvrir le programme effectué en technologie, d’y intégrer aussi un peu de physique, un peu de chimie.

C’est aussi la rencontre avec les collègues, ce sont des réflexions que l’on a eues sur nos disciplines respectives. C’est la possibilité de réfléchir sur sa manière d’enseigner et d’être le plus clair possible car on a affaire à des enseignants qui n’ont pas les mêmes compétences que nous. Personnellement, enseignant les SVT, il m’a fallu leur expliquer clairement le contenu du programme et être le plus clair possible dans les fiches que l’on a élaborées.

L’EIST, c’est aussi la possibilité de travailler sur des plages horaires plus importantes (nous avons opté respectivement pour deux séquences de 2 heures et une de 1 heure 30). Nous avons ainsi abordé la démarche scientifique sereinement. En effet, les 55 minutes de cours classique, diminuées du temps d’installation des élèves et de l’exposé de la démarche nous obligent à travailler dans l’urgence. L’élève n’a pas le temps de réfléchir aux différentes hypothèses. L’EIST lui offre la possibilité de développer sa démarche jusqu’au bout, de tester toutes ses hypothèses, quitte à commettre des erreurs, puisque l’on aura le temps de revenir dessus. Il aura le temps de réfléchir à ses erreurs et on aura le temps de le questionner.

Reviendriez-vous à un enseignement classique de la technologie en 6 ème ?

M. SHUBETZER : Oui, car j’aime bien aussi enseigner uniquement la technologie en 6ème mais il faut reconnaître que l’EIST permet de varier, de faire autre chose, ce qui est agréable et rompt la monotonie. Personnellement, dans les classes de sixième, je fais le même cours, ce qui est un peu répétitif. Cette année, j’ai une classe de 6ème classique et une classe de 6ème EIST ce qui me permet de varier mes activités.

En conclusion, j’aime enseigner la technologie, le programme me plaît et je ne pourrais m’en passer. Toutefois je reconnais que la science est une matière qui se marie parfaitement à la technologie et que leur rapprochement permet aux enseignants de diversifier leurs activités.

Est-ce qu’en fin d’année, vous percevez une différence entre les sixièmes EIST et les sixièmes que vous avez en SVT classiquement ?

M. PERRIN : La différence la plus importante que je ressens dans mon enseignement est principalement dans le temps dont je dispose pour exposer la démarche.

L’élève, quant à lui, est plus enthousiaste dans le sens où lui aussi dispose de plus de temps, on lui laisse la possibilité de se tromper.

En conclusion, j’ai tout autant l’impression de faire des sciences en EIST qu’en cours classique car le programme reste le même, je vais d’ailleurs réexploiter les fiches que j’ai faites en EIST dans le cours de sixième classique, mais sans pouvoir aller aussi loin que je le fais en EIST.