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Le suivi des expérimentations pédagogiques dans l’académie de Créteil (CVE 2014)

01 / 10 / 2014 | Marianne Durand-Lacaze | admin

Quand on innove, il faut parfois prendre des libertés avec les programmes ou la législation en cours. Certains projets réclament une demande de dérogation. Le point sur les projets dérogatoires L 401-1 en cours, en ce début d’année scolaire 2014 dans l’académie de Créteil : plein feux sur des actions audacieuses.

L’académie de Créteil est particulièrement innovante en pédagogie et en pratique éducative sur l’ensemble de son territoire. Pour preuve, la signature en ce début d’année d’une vingtaine de « contrats de suivi et d’accompagnement des expérimentations » entre Béatrice Gille, rectrice de l’académie de Créteil, chancelière des universités d’une part, et des IEN de circonscriptions et des chefs d’établissements d’autre part.

Ces contrats, renouvelés ou non selon leur durée, concernent chaque année des projets pédagogiques réclamant un aménagement soit dans les programmes, soit dans les emplois du temps, soit dans les modalités d’enseignement qui sont les mêmes pour toutes les écoles de France. Pour modifier ces modalités, les chefs d’établissement doivent demander une dérogation au recteur d’académie, représentant le ministre. La plupart du temps, les projets innovants ne font pas l’objet d’une telle demande puisqu’ils s’inscrivent dans le cadre légal des programmes et des organisations de la vie scolaire.

Le jeudi 25 septembre, pour la première fois, les signataires se sont réunis au rectorat.
L’échange des contrats signés se faisait jusqu’alors par correspondance. Cette nouveauté a permis de réunir tous les acteurs et de partager un moment de convivialité. Béatrice Gille a salué l’audace et le courage des équipes ainsi que l’originalité des projets dans un discours précédant la séance de signature.

Ainsi, ces projets, qu’on appelle « projets article L 401-1 » (du nom du nouvel article du code de l’éducation depuis la « loi de refondation de l’École »), concernent, pour l’année 2014, des établissements allant de la maternelle au lycée. Ils couvrent l’ensemble du territoire académique et tous les niveaux de classe, du premier au second degré. Ils s’échelonneront sur 2 ou 3 ans, comme ceux des années précédentes. Ils sont suivis par les corps d’inspection et la Cellule Académique Recherche Développement pour l’Innovation et l’Expérimentation, la CARDIE, ex-MAPIE qui accompagne également plus d’une centaine d’autres projets innovants qui ne nécessitent pas de dérogation.

Quelques exemples

 En maternelle… À Fresnes, Maternelle Les Tulipes : « Écoute, écoutez, écoutons ! »

L’école maternelle Les Tulipes à Fresnes (94) installe « des coins écoute » dans les classes où les enfants utilisent des tablettes numériques et réalisent, entre autre, des lotos sonores. Le projet « Écoute, écoutez, écoutons ! » apprend aux enfants l’écoute dès la maternelle, en instaurant des temps d’attention pour éveiller une conscience phonologique fine, afin de faciliter l’apprentissage de la lecture. Ces temps sont quotidiens et hebdomadaires, « institutionnalisés » dans l’emploi du temps de chaque classe. Ils se traduisent en écoute musicale, en jeux vocaux ou corporels. Les élèves vont de la découverte à la pratique, à la réalisation de « lotos sonores avec du matériel numérique. Le dispositif est évalué en continu par un conseiller pédagogique d’éducation musicale qui accompagne l’équipe enseignante à affiner sa démarche et ses observations.

 À l’école primaire... À Chevry-Cossigny, école Normandie Niemen : « Apprendre à twitter en classe de CM2 » !

L’école Normandie Niemen à Chevry-Cossigny (77) créée une « Twitte-classe » qui réalise des « défis dictées » avec des écoles francophones du Canada. Les parents peuvent suivre le travail en s’abonnant au compte Twitter de la classe. L’équipe s’engage à faire acquérir aux élèves une attitude réflexive sur la langue française en utilisant le réseau social Twitter pour réaliser des défis dictée, en pédagogie différenciée et personnalisée. Un tableau numérique et l’usage de tablettes numériques dans cette école, permettent également de construire des séances en lien avec les familles mais aussi avec d’autres classes francophones. Voilà de quoi amorcer des liens d’un nouveau genre avec les parents.

 Au collège… À Montreuil, Collège Lenain de Tillemont : « Des élèves de troisième et de quatrième deviennent des tuteurs de classes de sixième »

Le collège Lenain Tillemont à Montreuil (93) met en place des « compagnons de 3ème » : un tutorat entre classes de 6e et élèves de 3e. Ces derniers accueillent la classe de 6e le jour de la rentrée, et l’accompagnent tout au long de l’année. Des élèves de 3e deviennent ainsi des tuteurs de classes de sixième.
Le jeune tuteur travaille sur les absences et le rattrapage des cours. Le collégien est même formé à la réception des futurs parents de sixième auprès de la communauté éducative, par exemple. Dans ce collège ECLAIR, la volonté de modifier le climat pour les élèves a donné naissance à ce projet qui réunit tous les niveaux de la 6e à la 3e. Si l’objectif est de responsabiliser les plus grands, le projet développe leur esprit d’initiative et change leur regard sur les adultes du collège.
Pour les plus jeunes, l’accompagnement et la régulation des conflits par de plus âgés qu’eux est aussi d’un grand secours. Fondé sur la base du volontariat, ce tutorat investit tous les aspects de la vie de l’école comme la régulation quotidienne dans la cour et dans les couloirs et la participation aux réunions de suivi des classes avec la direction, le CPE et le professeur principal. L’expérimentation permet aux élèves de passer de la posture de « consommateur d’école » à celle d’acteur au sein de leur établissement. Le dispositif développe la solidarité et favorise l’exercice de la citoyenneté. Le recrutement des élèves s’effectue même en juin pour l’année suivante avec rédaction d’une lettre de motivation par les candidats.

 Au lycée… À Drancy, au lycée Eugène Delacroix : « Mise en place d’un enseignement intégré maths-histoire-géographie-français sur deux classe de 2nde générale »

Le lycée Eugène Delacroix à Drancy (93) expérimente pour la première année un enseignement intégré mathématiques-histoire et géographie-lettres sur deux classes de 2nde. Les élèves de 2nde abandonnent vite les disciplines qu’ils jugent inutiles pour l’orientation à laquelle ils se destinent, en fonction de leur projet de 1ère. L’objectif est de donner un sens nouveau et une application concrète aux enseignements. Les exercices de mathématiques peuvent être empruntés au programme d’histoire ou de géographie par exemple. La maîtrise de la langue est ainsi travaillée de manière transversale dans les quatre disciplines. Les élèves acquièrent progressivement une culture scientifique qui montre les incertitudes de la recherche en mathématiques sur le temps long. Les programmes sont réalisés selon une progression commune. Les acquis sont évalués par compétences sans notation chiffrée. Les professeurs principaux de chacune des classes de seconde sont co- professeurs principaux de l’autre seconde. Une première expérimentation a permis de constater un niveau d’acquisition élevé des compétences, un bien être des élèves et un plaisir d’apprendre.

POUR EN SAVOIR PLUS

  Pour solliciter la CARDIE dans le suivi des expérimentations : ce.mapie[at]ac-creteil.fr

  Le conseil national de l’innovation pour la réussite éducative

  L’innovation sur le site du ministère

  L’article L 401-1 du code de l’éducation