Quand le collège Les Hyverneaux de Lésigny expérimente une cogniclasse…
Paradoxe que relevait récemment Jean-Luc Berthier, spécialiste en sciences cognitives de l’apprentissage : « Il semble impensable qu’un médecin soigne sans connaître le corps humain. Aujourd’hui, pourtant, les professeurs enseignent sans connaître le cerveau... C’est ce qu’il faut changer : l’école doit tenir compte des avancées de la science ».
Sans réduire l’individu à son cerveau, les connaissances actuelles sur le fonctionnement de cet organe nous éclairent en effet sur les processus d’apprentissage , et plus particulièrement sur les mécanismes de développement des capacités attentionnelles, sur la nature de l’ « oubli », sur la « consolidation mnésique à rythme expansé » (c’est-à-dire augmenter les intervalles entre les moments de rappel et de remémoration), sur les effets du feedback proche ou encore sur les mécanismes inhibitoires du contrôle de la pensée.
Mais si l’institution prend acte des connaissances issues de la recherche actuelle, la transposition de ces apports en gestes éducatifs est plus sinueuse. En effet, quand la classe invite les neurosciences cognitives, des questions se posent : « A quoi servent les neurosciences à l’école ? » ou encore « les neurosciences sont-elles l’avenir de l’école ? »
Ces questions sont d’autant plus légitimes que les apprentissages et les évaluations de ces mêmes apprentissages sont sous les feux des projecteurs. Elles permettent en outre de construire un double réflexe éthique : garder à l’esprit que la connaissance de ces mécanismes ne saurait être un remède univoque à la difficulté scolaire, ni une « panacée » pour la performance ; porter son attention sur des processus complexes qui semblent souvent « aller de soi » et qui méritent pourtant d’être questionnés.
En d’autres termes, pour reprendre les termes du magazine La recherche de septembre 2018, il faut distinguer les limites et les possibles réussites de l’introduction des sciences cognitives à l’école.
D’où l’idée d’une « cogniclasse » au collège des Hyverneaux de Lésigny, validée par le Comité de Validation de l’Expérimentation académique de juin 2017 et dont l’objet est justement d’intégrer les apports de la recherche aux gestes professionnels de l’enseignant.
Avec le recul, qu’en pensent aujourd’hui les élèves et les enseignants ? Petit tour d’horizon…
N’hésitez pas à écouter leurs témoignages !
Cardie Créteil - Tous droits réservés- - Octobre 2018