C.A.R.D.I.E. - E.A.F.C. Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation

RéuTICE au lycée Jacques Prévert

12 / 10 / 2020 | Anaëlle Weiss

Les Seconde pro ont besoin d’aide

À Combs-la-Ville, le lycée des métiers Jacques Prévert prend soin de ses élèves de Seconde professionnelle en très grande difficulté.

Dès le début d’octobre, les enseignants font faire des tests de positionnement à leurs élèves, via des quizz sur l’ENT. Cela leur permet de diagnostiquer les élèves qui cumulent les difficultés scolaires et psychologiques :
… ils ne maîtrisent pas les connaissances du collège, notamment en Français et en Mathématiques ;
… leurs méthodes de travail ne sont pas efficaces ;
… ils n’ont plus confiance en eux ni en leurs capacités.
Pour ces élèves, les difficultés de compréhension entraînent des comportements inadaptés. Le décrochage scolaire pointe le bout de son nez.

Mais leurs enseignants ne se laissent pas abattre ! Ils leur ont concocté un projet sur-mesure, intitulé RéuTICE

RéuTICE, qu’est-ce que c’est ?

RéuTICE, ce sont des modules qui réunissent des TICE et des nouvelles pédagogies afin d’aider ces élèves à reprendre confiance en eux, et à acquérir les compétences du domaine 1 qui leur font défaut.

Quelles sont ces nouvelles pédagogies ?

Le projet en réunit plusieurs :

  • les classes inversées
  • le développement de l’autonomie par la stratégie du « professeur en ressources »
  • le travail sur la représentation de l’enseignant, pour faire évoluer le point de vue de l’élève sur son professeur. Celui-ci étant une ressource, l’élève le sollicite pour une aide. Le fait d’être demandeur rend l’élève plus réceptif et l’échange prof-élève devient réciproque.
  • la coopération entre pairs : travail en groupe, tutorat
  • une personnalisation des parcours et des pédagogies grâce au test de positionnement : un travail et un rythme pour chaque élève
  • une démarche de projets pluridisciplinaires (Français, Mathématiques, LV) qui permet aux élèves de réinvestir leurs nouvelles compétences en créant différents supports numériques : « capsules » vidéo ou audio, etc.

Et du côté des enseignants :

  • la coopération : 6 d’entre eux sont impliqués dans le dispositif (Maths-Sciences, Lettres-Histoire, Électrotechnique), afin d’élaborer ensemble des séquences transdisciplinaires, avec des situations d’apprentissage tirées du monde professionnel, des arts et de la culture
  • de nouvelles méthodes de travail, innovantes, notamment par l’utilisation des TICE
  • le travail transdisciplinaire, l’approche par compétences, le travail en équipe, etc

Une organisation bien pensée

Les modules se mettent en place, avec un roulement des élèves. L’équation est la suivante :

10 élèves = 1 séquence = 4 séances = 4 heures = 4 semaines
=
3 séances de remédiation + 1 séance de production


Voilà qui est rythmé ! Et si les élèves disposent d’une deuxième heure d’accompagnement personnalisé dans leur emploi du temps, on peut organiser deux fois plus de modules ! En 24 semaines, on peut aider 120 élèves !

Les pédagogies comme les progrès des élèves sont vérifiés de près :

  • les réunions sont mensuelles, ou après deux séquences ;
  • des bilans individuels sont rédigés à destination de l’équipe pédagogique et des parents ;
  • on communique, via l’ENT
  • on invite le/la référent/e GPDS aux réunions mensuelles ;
  • on invite le/la référent/e RéuTICE aux réunions GDPS – et oui, la communication professionnelle se fait dans les deux sens !
  • à la fin de chaque séquence, les élèves l’évaluent et s’auto-évaluent

Un travail qui porte ses fruits…

Des créations voient le jour.
La professeure de Français a travaillé les consignes avec ses élèves et leur a fait faire ces portes-clé pour avoir toujours à dispositions les verbes d’actions :

Elle leur a également fait enregistrer un vocal pour conclure le travail sur les homophones :

La professeure de Mathématiques a fait faire des cartes mentales et des résumés de cours en vocal avec des mots imposés :

Peu à peu, les élèves commencent à voir différemment leurs professeurs et leur lycée. Le professeur devient une aide personnalisée, une ressource, une personne de confiance ; le lycée devient un endroit où ils se sentent à leur place. Les freins psychologiques disparaissent, les freins scolaires se lèvent, les élèves s’intègrent dans leur classe, deviennent actifs, posent des questions et découvrent le plaisir d’apprendre au fur et à mesure que le dialogue se noue.

Les retours des élèves sont positifs ; ils constatent eux-mêmes les progrès qu’ils font en classe !

Et les enseignants évoluent eux aussi, changent doucement de pratiques, amorcent de nouvelles réflexions, construisent de nouveaux outils.
Méthodes d’apprentissages des élèves en difficultés, nouvelles approches de la compréhension des consignes, meilleure vision du travail transdisciplinaire : les chantiers sont nombreux, tout comme les besoins en formation.

Car les nouvelles méthodes pédagogiques s’apprennent elles aussi. Ce projet mené au lycée Jacques Prévert a fait apparaître des demandes de formation :

  • utiliser les TICE, notamment en vue de l’autonomisation de l’élève et de sa remotivation
  • mettre en œuvre une pédagogie différenciée dans un groupe-classe : classe inversée, coopération entre pairs, etc
  • accueillir des publics fragiles
  • s’approprier l’évaluation par compétences, l’évaluation bienveillante
  • construire des outils pédagogiques numériques en français et/ou en mathématiques.

… et que l’ensemble de l’établissement peut admirer !

La séance de production écrite et/ou orale sert de synthèse des nouvelles compétence, et aboutit à une présentation devant la classe, et à une valorisation sur l’ENT du lycée !

Et pour la suite ?

Le projet est solide, il a démontré son efficacité. Il reste maintenant à y intégrer les autres enseignants de l’établissement, et à les former !




Projet innovant validé au CVE 2018.