C.A.R.D.I.E. - E.A.F.C. Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation

Réactivation et réappropriation par l’expression en coopération

27 / 09 / 2023 | Anaëlle Weiss

AVEC LES AUTRES, JE M’EXPRIME MIEUX TOUT SEUL

Le groupe de travail de la CARDIE de Créteil sur les pédagogies coopérative a décidé de travailler sur un constat récurrent que font beaucoup de collègues qui s’intéressent à la coopération en classe : comment passer du travail collectif à l’expression individuelle.

Le groupe de travail est composé de neufs enseignants de tous niveaux : de la maternelle au lycée. Tous se sont réunis pour partager ensemble des réflexions de terrain et construire ensemble des expérimentations testées en classe. Nous partageons ici le travail mené cette année 2022/2023 sur cette thématique.

Témoignage de Romain Thivet, enseignant de physique-chimie au collège Guy-Moquet (94)

Niveau : 3ème

Objectifs initiaux


On postule que la coopération peut servir à l’étayage de l’expression écrite individuelle, par le partage des idées et du vocabulaire.

Élaboration de l’activité


Pour pouvoir observer l’effet de la coopération sur l’expression écrite individuelle, plusieurs temps sont nécessaires :

 1) Un premier temps seul(e), lors duquel l’élève répond à une question. Une question qui permet de partir de la représentation de l’élève.

 2) Un deuxième temps où les élèves, en groupe de 3, comparent les réponses à l’oral. Ils évaluent aussi l’expression écrite de leurs camarades à travers d’une grille d’évaluation fournie.

 3) Un troisième temps où l’élève rédige une nouvelle fois sa réponse seul, en prenant en compte ce qui a été dit précédemment.



Vigilances


  • La question posée doit être accessible pour tous les élèves (pas de vocabulaire spécifique ou de consigne complexe) car l’objectif n’est pas la compréhension des consignes ni la maîtrise du vocabulaire lié à la matière.
  • Lors du troisième temps, l’élève peut rédiger l’avis collectif s’il y a consensus ou bien son avis personnel suite à la discussion.

Échantillon de réponses données par les élèves




Analyse des réponses


Coopérer, pour structurer l’écrit et clarifier le vocabulaire

Dans le groupe 1, on remarque que les idées initiales des élèves sont pertinentes mais le vocabulaire utilisé n’est pas toujours adapté. Après discussion et restitution individuelle, le vocabulaire est plus riche et est utilisé à bon escient. L’élève qui a le plus de difficultés dans le groupe (premier exemple) arrive mieux à distinguer la notion d’énergie renouvelable, mais la qualité de la syntaxe n’a pas grandement évolué (qui était l’objectif initial).
Je pense que dans cette situation, l’élève a su tirer profit du moment de coopération pour remettre ses idées en ordre et redonner du sens à certains mots de vocabulaire.

Coopérer, un risque d’influence sans réflexion

Dans le groupe 2, les idées initiales des élèves sont différentes mais une élève a réussi à convaincre tous les autres. Son idée est retrouvée dans les trois copies finales, comme imposée au groupe, sans réflexion supplémentaire alors que d’autres idées très intéressantes étaient présentes.
Dans cette situation, les élèves ont suivi l’idée de l’élève qui s’est sentie la plus confiante dans son idée, les deux autres manquant de confiance en leurs compétences.

Coopérer, une mise en confiance pour s’impliquer

Dans le groupe 3, une élève qui n’a pas réussi à s’exprimer à l’écrit au départ s’est totalement emparée de ce qui a été dit lors de la discussion en groupe. Les idées finales sont complètes, claires et le vocabulaire a été réactivé pour tous les membres de ce groupe.
Dans cette situation, l’élève n’a pas pu mémoriser tout ce que le groupe avait dit. Le moment de coopération lui a profité puisque cela a permis la réactivation de ses connaissances. Elle a ensuite pu s’engager à l’écrit.

En prenant en compte les 27 copies, plusieurs points sont soulevés :

  • L’activité n’a eu que très peu d’utilité par rapport aux erreurs orthographiques : presqu’aucun changement entre le premier et le second jet.
  • Globalement, les élèves ont écrit plus de lignes et utilisé plus de vocabulaire lors du second jet : l’activité a servi de réactivation et de réappropriation des notions vues dans d’autres matières ou lors des années précédentes.

Retour d’expérience suite à l’activité


Globalement, les élèves n’ont pas eu trop de difficulté pour démarrer l’activité puisqu’ils pouvaient faire appel à des souvenirs des années passées ou d’autres disciplines.

Une grille avec des critères d’évaluation était présente, l’objectif était de leur donner les critères afin que l’évaluation croisée soit rendue plus simple pour eux mais plusieurs biais existent : Un élève qui lit les critères avant de réaliser la question 1 va se limiter au minimum afin d’avoir le niveau de maîtrise très satisfaisant (trop facilement acquis via les critères proposés). On peut aussi penser que certains élèves peuvent être freinés par ce genre de critères.