Le projet Logbook du microlycée du 94 ou l’identité à fleur de peau
Art photographique et jeux des mots pour se trouver ou le « Connais-toi toi-même » de Socrate revu et corrigé à l’heure d’Internet : retour en images et reportage sur le projet Logbook mené au microlycée de Vitry-sur-Seine (94) durant l’année scolaire 2013-2014.
« Se définir par les mots, se situer, par le dessin, la photo ou des textes ont été les grands objectifs du projet artistique individuel et collectif qu’ont proposé les professeurs du microlycée à tous les élèves accueillis dans cette structure, soient 90 élèves, 11 enseignants et le personnel sur plusieurs mois.
Chacun a été libre de montrer ce qu’il voulait de lui avec des textes, des photos, des collages des vidéos, des découpages à partir de quatre questions : « Qui suis-je ? », « Où j’habite ? », « Qu’est-ce que j’observe ? », « Qu’est-ce que j’imagine ? »
Au cours de cette quête d’identité, les élèves, une fois leurs projets réalisés, seuls ou avec le concours du collectif Studio Public, ont ensuite choisi ensemble les images sélectionnées devant être exposées sur les murs intérieurs et extérieurs du lycée. Toutes les productions visuelles et rédactionnelles ont fait l’objet d’une analyse collective pour être mises en valeur dans le cadre d’une exposition sur les murs et les couloirs du microlycée. La réalisation d’un film et celle d’un blog ont réclamé un traitement d’ensemble des images, apprenant aux élèves à préféré le meilleur pour faire sens. Tous ont ainsi participé à la constitution d’une mémoire et d’un imaginaire collectifs qui ont resserré les liens et ancré les élèves dans l’établissement tout en leur permettant de verbaliser et de s’exprimer sur le plan artistique.
Les élèves sont les auteurs de la muséographie ingénieuse que les visiteurs peuvent encore découvrir sur les murs intérieurs du microlycée. Côté rue, les passants peuvent admirer la façade et l’entrée du lycée habillée de grandes photos, visibles depuis les quais du RER. L’ensemble a tellement plu que la proviseure a souhaité maintenir cet affichage car en s’interrogeant sur leur propre identité, les élèves ont concouru à construire celle de leur établissement au sein du quartier. La réflexion qui devait porter sur leur quotidien a aussi pris forme dans leur environnement architectural proche.
Le projet a mobilisé les élèves sur l’année entière. Jeunes et adultes ont été confrontés aux mêmes questions, faisant ainsi la démonstration que s’interroger sur soi-même était difficile pour tout le monde. Le résultat donne une belle image de l’identité du microlycée dont la salle commune toujours ouverte, permet à tous de se retrouver autour d’une grande table pour les repas, un café et où les professeurs ont des bureaux et leurs casiers sur les pourtours de la salle. Avec le projet logbook, les élèves se sont approprié les couloirs, les recoins, les murs et les fenêtres.
Les deux artistes photographes et le journaliste qui ont participé au projet ont été frappés par l’extrême bienveillance qui régnait entre les élèves. Personne, en effet, ne s’est moqué d’une photo ratée, de la tête de l’un ou de l’autre. Un petit carnet et un appareil jetable de 28 photos ont permis à chacun d’écrire et de se décrire. Moins de trente photos pour toute l’année, un défi à l’heure du numérique. Les élèves ont appris à cadrer, à photographier dans des conditions quasi professionnelles puisqu’un atelier photo a été installé pendant quelques mois, entre deux classes. Les photographes ont même mis le pied à l’étrier à un lycéen particulièrement doué.
Ce travail fédérateur renvoie une image « assez chouette » selon l’expression des participants, qui aide les jeunes à se projeter dans leur vie d’adulte, une étape essentielle pour ces élèves « raccrocheurs ».
Humour, poésie, graphisme exceptionnel, écriture fleurissent désormais sur les murs de l’établissement : un quotidien à l’image de la sensibilité de l’adolescence.
Pour en savoir plus
– Blog du logbook
– Facebook du microlycée du 94
