C.A.R.D.I.E. - E.A.F.C. Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation

Journée Académique CARDIE 2016 : "Chercher pour comprendre, Coopérer pour apprendre"

01 / 06 / 2016 | Marianne Durand-Lacaze

Le thème de la journée académique proposée le 9 mai dernier par la CARDIE dans les locaux de la Faculté de Droit de Créteil n’était pas neutre. « Chercher pour comprendre, coopérer pour apprendre ».

Nous vous proposerons de vivre des ateliers de pratiques différents (poésie, littérature, histoire, mathématiques, arts plastiques) qui seront autant de supports pour mettre en œuvre des situations pédagogiques qui portent les recherches collaboratives des élèves.

Nous aurons également le plaisir de recevoir Jacques BERNARDIN, Docteur en sciences de l’éducation, et président du GFEN et Sylvain CONNAC, Docteur en sciences de l’éducation, auteur, et professeur des écoles pour deux interventions.

Nous vous invitons dès aujourd’hui à procéder à votre inscription pour cette journée.
➢ Pour le Premier Degré : L’organisation de la participation se fera à l’échelle des circonscriptions sous la responsabilité des IEN qui inscriront les participants à l’aide d’un lien électronique fourni par la CARDIE (courrier académique).
➢ Pour le Second Degré : Vous devez vous faire connaître auprès de votre Chef d’établissement. Une campagne d’inscriptions collectives sera ouverte dans GAIA pour qu’il puisse vous inscrire et vous permettre de recevoir une convocation.
➢ Pour les personnes intéressées qui ne sont pas en poste dans l’académie : nous vous invitons à nous adresser un message pour nous faire part de votre venue à ce.cardie[at]ac-creteil.fr en précisant en objet : « Inscription individuelle à la Journée académique du 9 Mai 2016 ».

Plus que des recettes pédagogiques, c’est bien une posture professionnelle, sous-tendant des choix de vie en société, qui s’est exprimée pour donner sens à cette thématique par la voix de Jacques Bernardin, Président de GFEN (Groupement Français pour l’Éducation Nouvelle) et de Sylvain Connac, chercheur en Sciences de l’Éducation à l’Université Paul Valéry de Montpellier.

Car créer les conditions de la coopération entre élèves, mettre en place un tutorat entre pairs dans lequel chaque élève, un jour, apprendra quelque chose à un autre ou de l’autre, c’est faire le choix de l’inclusion de tous et de l’équité. C’est mettre en action les axes forts de la refondation de l’école en refusant de sous-traiter l’hétérogénéité des classes ou de l’externaliser. C’est faire au contraire une richesse des différences entre élèves.

Car si les classes ne sont pas uniformes, la société non plus. Et c’est heureux. L’école inclusive n’est pas qu’une école de la démocratie, c’est surtout une école démocratique dans laquelle aucun n’élève n’est trié, relégué et finalement oublié. C’est une école dans laquelle les trajectoires individuelles ne se construisent pas sur des faillites collectives mais où le collectif renforce les individus.

Pour reprendre une formule de Philippe Carré que porte la CARDIE : « On apprend toujours seul mais jamais sans les autres. »

Catherine FERRIER
IA-IPR E.V.S.

Une journée pour faire vivre aux participants des situations pédagogiques comme les vivent les élèves et pour tenter d’apporter des réponses qui permettent aux collégiens et aux lycéens de construire et de s’approprier des savoirs dans le cadre d’une réflexion partagée et d’un travail collectif.

Une journée pour comprendre comment les élèves vivent les situations pédagogiques où ils sont à la fois "petits enquêteurs" et petits "chercheurs" : une posture qui leur permet de construire et de s’approprier des savoirs dans le cadre d’une réflexion partagée et d’un travail collectif. Ces démarches permettent aux élèves de travailler à la fois des contenus disciplinaires et des compétences sociales indispensables à la poursuite d’une scolarité réussie, mais au-delà, à la construction d’une citoyenneté responsable.

Découvrez nos captations vidéo de l’événement.

Chercher pour comprendre, Coopérer pour apprendre

Le choix de cette double thématique repose sur 4 idées fortes. Le Nouveau Socle commun et les nouveaux programmes placent la mise en situation de recherche et la coopération au cœur de l’activité des élèves. L’idée qu’on apprend toujours seul mais jamais sans les autres de Philippe Carré doit être une clef des démarches pédagogiques proposées dans les classes et un fil rouge qui guide l’enseignant. Le travail collaboratif est un extraordinaire levier pour donner à lire que les différences enrichissent et que les complémentarités permettent de produire des travaux plus ouverts, plus créatifs et plus complets. L’importance que revêt le fait d’apprendre ensemble nourrit le "vivre ensemble", une idée qui fait sens dans le métier d’enseignant.

La Journée académique de la CARDIE s’est déroulée le lundi 9 mai 2016 de 9H à 17H à l’Université de Paris Est Créteil, Faculté de droit. Elle a réuni pour ses travaux un public pluricatégoriel composé d’enseignants, de CPE, de chefs d’établissement et d’étudiants stagiaires de Master 2 MEEF.

« On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres » pourrait résumer d’une formule l’intention de cette journée ouverte à tous les personnels, durant laquelle l’équipe de la CARDIE en partenariat pour cet événement avec le GFEN, a proposé des ateliers de pratiques (poésie, littérature, histoire, mathématiques, arts plastiques) qui ont été autant de supports pour mettre en œuvre des situations pédagogiques qui intégraient et portaient les principes de recherches collaboratives entre élèves.

La CARDIE a reçu Jacques BERNARDIN, Docteur en sciences de l’éducation, et président du GFEN et Sylvain CONNAC, Docteur en sciences de l’éducation, auteur, et professeur des écoles pour deux interventions en plénière.

Béatrice Gille, rectrice de l’académie de Créteil et chancelière des universités a ouvert la journée par un discours où elle a annoncé son attachement profond à cette thématique qui fera partie intégrante du projet académique. Questionner la démarche de coopération est un cheminement collectif qui conduit à interroger les relations entre les élèves, les relations entre les enseignants, et enfin, les relations entre les élèves et les professeurs et inversement. Le système scolaire ne recherche pas suffisamment cette coopération pour l’heure.

Béatrice Gilles a rappelé aussi que la coopération était une valeur très importante de notre système scolaire, qu’il ne fallait jamais chercher à diviser nos élèves. Il importe de donner le goût de l’altérité et de la coopération dès le plus jeune âge. Institutionnellement, le développement de la coopération pédagogique doit être le fil rouge des enseignants de la maternelle à l’université.
Dans le nouveau socle, la coopération est un élément essentiel. L’élève va développer des apprentissages et des compétences psycho-sociales qui sont fondamentales dans la classe comme dans la vie. Il apprendra même à gérer les conflits par le biais de la coopération.

Conférence de Jacques Bernardin

Comment faire de l’hétérogénéité un levier pour la réussite de tous ? par Jacques Bernardin, Circeft-Escol, Université Paris V, président du GFEN (Groupe Français d’Éducation Nouvelle.

On sait que l’efficacité des classes de niveau est proche de zéro, que certains élèves vivent mal de bénéficier d’évaluations différenciées au nom du principe d’égalité, que d’autres écoutent de moins en moins en cours attendant l’aide personnalisée. Comment échapper au piège de la réussite assistée de nos élèves ? Tel n’est pas le but des apprentissages et de l’enseignement.

Pour Jacques Bernardin, les questions et les réponses doivent prendre davantage en compte les élèves. Quelle est la logique des élèves dans le rapport aux savoirs ? Quels sont leurs mobiles pour apprendre ? S’adressant à l’élève, comment fais-tu pour apprendre ? Il propose que la réflexion de l’enseignant parte de la parole et des productions des élèves pour mieux l’amener à modifier sa posture. Il invite les enseignants à découvrir le sens que donnent les élèves à leur scolarité et la valeur qu’ils accordent aux savoirs. Tout l’art d’enseigner consiste à conjuguer les différences de raisonnement et de productions des élèves sans les traduire en inégalités.

« Il faut un renversement et réactualiser sans cesse les outils de lecture que nous fournit la recherche pour ne pas alimenter la désespérance des élèves d’une part et des professeurs d’autre part. Il est temps de repenser l’approche des différences par l’analyse des besoins, par la prise en compte positive du statut de l’erreur, celle de la motivation, celle de l’engagement des élèves, de leur implication pendant le temps du travail personnel en dehors de la classe. »

Coopération entre élèves et apprentissages scolaires

Conférence de Sylvain Connac, maître de conférences en sciences de l’éducation, Université de Paul Valéry à Montpellier, professeur des écoles, auteur d’ Apprendre avec les pédagogies coopératives. Démarches et outils pour l’école, Paris, ESF éditeur, collection pédagogies (2009).

Outre la transmission des connaissances, la nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Le service public de l’Éducation fait acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité. Par son organisation, ses méthodes, comme par la formation des maîtres qui y enseignent, il favorise la coopération entre élèves, le Socle commun fait lui aussi une place centrale à "l’esprit de coopération" dans le domaine 3 et dans le domaine 2. La coopération est dorénavant conçue comme le fil conducteur des apprentissages, des méthodes et des outils pour apprendre.

Après avoir distinguer les différences conceptuelles entre tutorat, aide, entraide et coopération, il a abordé avec l’auditoire, la forme du travail en groupe rappelant qu’un élève qui se reconnaît compétent vient en aide spontanément. Il propose un plan de formation à la coopération à destination des élèves. Parmi les différentes idées échangées lors de cette conférence dont vous pouvez voir l’intégralité sur la chaîne Youtub de la CARDIE, Sylvain Connac précise aussi qu’il est important que les élèves travaillent d’abord seuls pendant un quart d’heure environ avant de se mettre en groupe pour une activité. L’originalité de son intervention et de son propos consiste à étudier les question de coopération dans l’étude des rapports symétriques ou asymétriques entre les différents acteurs : un angle de vue qu’on peut facilement négliger et qui est capital.

Focus sur les ateliers

Les ateliers devaient faire vivre aux participants des situations pédagogiques comme les vivent les élèves conjuguant recherche et coopération. Ils devaient apporter des réponses sur les mises en œuvre difficiles de la gestion de l’hétérogénéité des classes, des difficultés scolaires.

Six ateliers proposés par le GFEN et un atelier proposé par la CARDIE avaient pour but de montrer qu’on est tous en capacité de réussir, de travailler en groupe pour les apprentissages car « on apprend toujours seul mais jamais sans les autres », en effet.

Nous avons bénéficié de la collaboration des collègues du GFEN Île-de-France qui ont animé des ateliers et nous les en remercions :

- Valérie SULTAN (professeur de lettres modernes)
- Jérôme CANONGE (professeur de mathématiques)
- Laurent CARCELES (professeur de Lettres Modernes)
- Jacqueline VAHE -DESGROUAS (professeur Arts plastiques, retraitée)
- Jeanne DION directrice école élémentaire (retraitée)
- Pascal DIARD (professeur d’histoire et de géographie)
- Gatien ELIE (professeur d’Histoire et de géographie)

Atelier Un défi à relever : recréer un texte

Objectif de l’atelier
Plutôt que de se perdre - ou d’être perdu(e) – seul(e) devant les « Grands textes » ou les longs écrits, si on faisait vivre cette activité au terme de laquelle on aboutit à une explication de texte, qui serait le résultat des interactions dans le groupe, impliquant chacune, chacun, jusqu’à une recréation de ce texte ? (Voir l’article zoom sur cet atelier).

Atelier Mettre à la question les questions
Si, au lieu de répondre à des questions que nous ne nous sommes pas posées, nous vivions successivement deux pratiques, l’une en mathématiques l’autre en histoire par exemple, pour transformer en questionnement critique, individuel puis collectif, la forme scolaire du questionnaire ?

Témoignage d’un participant : En classe, on pense souvent que de sérier la tâche en multipliant les questions est un étayage utile, notamment pour les élèves en difficulté. Et si ce postulat était erroné ? Si au contraire pousser des élèves à effectuer une multitude de petites tâches répondant à des questions qu’ils ne se posent pas, ne leur permettait pas d’accéder au sens de l’activité proposée et des apprentissages ? C’était l’idée de cet atelier mettant la question à la question à travers l’analyse du discours du 30 octobre 1940 du Maréchal Pétain. L’intégralité du texte était proposée et la seule question du contexte de ce discours (posée d’abord individuellement puis en groupe) permettait de faire émerger notions et questionnements multiples. Un plaidoyer pour la tâche complexe.

Atelier Un texte à trous pour reconstruire le sens d’un document

Faisons le pari que tous les élèves sont capables de comprendre un discours politique sur la démocratie athénienne datant du Ve siècle avant Jésus-Christ, d’en cerner le contexte, les enjeux et d’en critiquer l’auteur : pour cela retirons les mots qui font concepts et mettons les élèves en recherche.

Atelier Comment réagir face à la résistance aux apprentissages ?
Que peut faire l’école quand des élèves dont on constate qu’ils maîtrisent mal la langue, contestent le sens et la légitimité des savoirs ? En faisant le pari de la sociolinguistique, on permettra d’exprimer les conflits intérieurs qui les traversent tout en leur proposant d’entrer dans une réflexion enthousiasmante sur les enjeux liés aux mécanismes de la langue et à la pluralité de ses usages, afin de bâtir avec eux une véritable culture commune.

Atelier Le portrait en arts plastiques

Puiser dans le visage de l’autre l’énergie d’un geste artistique … Expérimenter un approfondissement personnel enrichi de l’apport du regard des autres. Et, au terme de la production, voir son travail inscrit d’emblée dans l’histoire de l’art et l’aventure des hommes…

Témoignage d’un observateur :

Ces quelques mots de présentation pourraient faire croire à une expérience extraordinaire. Elle le fut pour les participants qui n’étaient pas tous des enseignants en arts plastiques et qui ont fait l’expérience de chercher pour comprendre et de collaborer pour apprendre, thématique centrale de la journée.

Mis en activités, par table de deux personnes, chacun a fait le portrait de l’autre en réalisant plusieurs esquisses et essais. Puis tous, à tour de rôle ont laissé des commentaires écrits à côté des portraits réalisés dans un premier temps par les autres. Chacun a pu lire alors les commentaires sur sa propre production, laissés par les autres participants. Après cette étape, de nouveaux portraits ont vu le jour, utilisant des matériaux nouveaux. Puis l’animatrice a placé à côté de chaque portrait gardé parmi les différents essais, une carte postale d’une œuvre peinte célèbre lui évoquant la manière dont l’œuvre venait d’être réalisée. Les deux productions mises côte à côte ont à leur tour nourri de nouvelles productions. Au final, un accrochage collectif des différents portraits a été installé sur l’un des murs de la salle. Enfin pour clore la séance, d’autres cartes postales d’autres œuvres patrimoniales de l’histoire de l’art ont été affichées aux côtés des dessins, gouaches, fusains des participants. Chacun pouvait puiser dans le stock de cartes postales celle qui lui paraissait correspondre aux portraits sur le mur. Œuvres anciennes de plusieurs siècles ou du XXe siècle, elles ont trouvé leur place au sein des réalisations des stagiaires. Les participants qui n’avaient pas de facilités en dessin ont été surpris de leurs propres productions et ont fait la démonstration de coopérer pour apprendre et selon leurs propos, cette expérience a été très marquante et forte à vivre.

Atelier Un colloque en mathématiques : quand les négatifs font nombre !

Résumé
Faire vivre un colloque et placer les élèves dans les pas des mathématiciens face aux négatifs, depuis la lente apparition de la quantité négative et les multiples obstacles qu’elle aura à franchir jusqu’à atteindre le statut de nombre.

Atelier CARDIE Le travail personnel des élèves : avant, pendant, après la classe

A quoi renvoie la notion de" travail personnel" ? Quelles démarches pédagogiques en classe pour motiver à s’investir hors la classe ? Réflexions partagées et illustrations.

Présentation de l’atelier par son animateur

A partir d’une situation de classe réelle ancrée dans le programme de SVT de quatrième, les stagiaires ont vécu une situation pédagogique sans problématisation, sans explicitation, sans implication personnelle des élèves qui ne sont alors que des exécutants, en aucun cas des acteurs ou des auteurs de la tâche qui leur est proposée.

Fort de ce constat partagé, et après avoir mis en évidence le conflit socio-cognitif et ses conséquences sur l’apprentissage à l’aide d’un texte de S. Bonnery, chaque groupe propose des solutions pour augmenter le travail personnel des élèves avant la séance (grâce à des modalités de classe inversée au service de la tâche complexe), pendant la séance grâce à l’apport d’aides ciblées, tant dans leurs contenus que leur temporalité, et après la séance pour étayer la préparation de l’évaluation.

Diaporama des intervenants

Diaporama de Jacques Bernardin :

Merci de citer les auteurs de ces ressources quand vous les utilisez.

Pour en savoir plus

 GFEN
 "Le texte recréé "– Une démarche du Groupe Français d’Education Nouvelle (GFEN)
 La coopération pédagogique : bibliographie commentée (JAC 2016)

Tous droits réservés – CARDIE Académie de Créteil - mai 2016